RECOMMANDATIONS
Si votre pneumologue connaît mal la LAM vous pouvez lui dire qu’il existe un PNDS (PROTOCOLE NATIONAL DE DIAGNOSTIC ET DE SOINS 2021) pour cette maladie. Vous pouvez en télécharger ici une synthèse à l’intention du médecin traitant, voire l’imprimer pour son information et pour la vôtre.
Il existe également des infographies résumant d’une part les étapes nécessaires à une CONFIRMATION DE DIAGNOSTIC LAM, et d’autre part l’essentiel des RECOMMANDATIONS POUR LE DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT DE LA LAM (Guidelines). Ces documents, destinés aux médecins et au personnel médical concerné, ont été publiés par CHEST (American College of Chest physicians [Société de pneumologie américaine] et par la LAM Foundation américaine en 2022. Ils sont utiles aussi à l’information des patientes. Nous vous encourageons vivement à les télécharger pour les diffuser aussi largement que possible. Télécharger l’infographie 1 —Télécharger l’infographie 2.
Bonnes pratiques en cas d’urgence. L’organisation ORPHANET (Le portail des maladies rares et des médicaments orphelins) a élaboré une fiche d’information que vous pouvez télécharger ici
Comme on ne sait jamais ce qui peut arriver, il peut être utile que vous portiez sur vous une CARTE D’URGENCE fournissant les principales informations au médecin ou au service d’urgence. Vous pouvez la télécharger ici.
.
Qu’est ce que la LAM ?
NOTA BENE: Les informations médicales figurant sur ce site ne sont que des informations générales et n’engagent pas la responsabilité de l’Association FLAM. Chaque cas est en effet particulier et doit impérativement être examiné par un praticien spécialiste.
Fiche descriptive de la maladie (Simon Johnson, 2021, LAM Action)
.
La lymphangioléiomyomatose (LAM) est une maladie rare, insidieuse et épuisante, dont les manifestations sont principalement pulmonaires. D’origine génétique, la LAM ne touche en principe que des femmes, souvent jeunes, en âge de procréer. La prévalence a longtemps été estimée à 3-9 femmes par million. Mais une étude récente (2023) menée dans quatre pays européens qui sont l’ Irlande (26 cas par million de femmes), la Norvège (24/million), le Danemark (24/million), et les Pays-Bas (22/million) , a montré que l’incidence est au moins de 21 cas par million de femmes, et qu’elle est sans doute encore largement sous-diagnostiquée.
La LAM sous sa forme dite “sporadique” n’est pas transmissible, ni héréditaire, contrairement à la LAM qui accompagne parfois la sclérose tubéreuse de Bourneville (STB). A titre très exceptionnel, des hommes peuvent être atteints (un seul cas rapporté en France). Pour l’instant, il n’existe pas de traitement permettant une guérison définitive. Mais de grands espoirs portent sur une molécule dont le nom générique est sirolimus (nom commercial : Rapamune, ou Rapamycine, Everolimus) prescrits dans de nombreux cas, qui permettent de ralentir la progression de la maladie. La recherche continue et fait en permanence de grands progrès.
Étymologiquement, la «Lymph-Angio-Léio-Myom-atose» (le plus long mot du dictionnaire médical français !) renvoie à :
- lymphe : liquide riche en lipides circulant dans les vaisseaux lymphatiques
- angio : vaisseaux sanguins
- léiomyome : tumeur bénigne composée de cellules musculaires lisses
- -atose : suffixe indiquant un état pathologique.
Cette maladie pulmonaire polykystique a été décrite pour la première fois en 1937 (voir Histoire de la maladie). Elle est caractérisée par la destruction progressive des poumons par des kystes (bulles d’air) et par des anomalies lymphatiques, fréquemment associées à des angiomyolipomes rénaux. La LAM apparaît parfois de manière dite sporadique (non héréditaire), ou alors chez des patient(e)s atteint(e)s de sclérose tubéreuse de Bourneville (STB) qui, elle, peut être transmise héréditairement.
Cette pathologie se caractérise par une prolifération de cellules musculaires lisses provoquant un trouble respiratoire obstructif. La surpression dans les alvéoles pulmonaires provoque peu à peu la destruction des tissus pulmonaires ; de nombreux kystes (bulles d’air) se forment ainsi dans les poumons, réduisant plus ou moins fortement la capacité respiratoire.
L’évolution de la maladie est extrêmement variable selon les patientes ; elle est de ce fait difficilement prévisible. Certaines formes sont peu évolutives.
Hormis le sirolimus (rapamycine), il n’existe guère, à ce jour, de traitements ayant fait la preuve de leur efficacité. Pour les formes avancées de la maladie, la transplantation pulmonaire est le seul recours envisageable.
ATTENTION: NE PAS CONFONDRE:
- LYMPHANGIOLÉIOMYOMATOSE ET LYMPHANGIOMATOSE
- LAM (Lymphangioléiomyomatose) et LAM (Leucémie aiguë myéloïde ou myéloblastique).
Plus de précisions se trouvent sur le site Orphanet, ainsi que dans le volet “Médical” de ce site web.
.
Premiers symptômes
La LAM est généralement diagnostiquée à la suite des événements suivants :
- consultation pour une dyspnée (essoufflement, gêne respiratoire), souvent à l’effort ;
- radiographie de routine ou pour une toute autre cause, montrant une image anormale ;
- événement aigu : pneumothorax (circonstance découverte dans 50% des cas), chylothorax, ascite chyleuse, ou complication d’ angiomyolipome rénal.
Le diagnostic peut être posé à partir de l’histoire médicale et de l’examen clinique, avec
- tomodensitométrie (scanner) du thorax montrant un aspect caractéristique de kystes multiples à parois fines, souvent associé à une autre anomalie : angiomyolipome rénal et/ou adénopathies (ganglions) au scanner abdominal avec ascite chyleuse (liquide riche en lipides dans l’abdomen).
- analyse de sang (taux important du marqueur VEGF-D).
- une biopsie pulmonaire n’est pas nécessaire dans la plupart des cas pour obtenir un diagnostic de certitude.
Une note d’espoir
Des recherches récentes ont mis en évidence qu’une mutation génétique entraînant un dysfonctionnement d’une protéine (mTOR) au niveau cellulaire semble être à l’origine, pour la LAM, de la prolifération de cellules musculaires lisses envahissant les poumons. Si la cause de la mutation génétique reste inconnue à ce jour (mutation dite sporadique), et qu’il n’est donc pas possible encore de guérir la maladie, un médicament offre tout de même une ouverture: c’est le sirolimus, ou rapamycine et ses analogues, les inhibiteurs mTOR.. Son principe actif est tiré d’une bactérie filamenteuse, Streptomyces hygroscopicus provenant du sol de l’île de Pâques, une terre dont le nom ancien est Rapa Nui en langue autochtone. La molécule, isolée en 1975 par des chercheurs canadiens, a été d’abord utilisée comme antibiotique et immunodépresseur. En 2011, des chercheurs ont prouvé, par un essai à grande échelle sur des patientes, qu’elle avait aussi pour effet de bloquer, ou tout au moins ralentir considérablement, la LAM. Ce traitement spécifique a été approuvé en mai 2015 par l’administration américaine de la santé. En France, le médicament, autorisé depuis 2001 pour prévenir les rejets de greffe, est accepté depuis 2019 pour la LAM sporadique (Voir dossier RAPAMUNE sous l’onglet « MÉDICAL »).
.
Manifestations de la maladie
La LAM ne touchant surtout que les femmes et le fait que la maladie, dans certains cas, ait progressé plus vite pendant des grossesses, plaide en faveur d’un caractère hormono-dépendant de la maladie.
Un suivi régulier (plus ou moins rapproché, en fonction de l’évolution) est recommandé, avec radiographies, scanners, exploration fonctionnelle respiratoire (EFR) et gaz du sang. Une échographie abdominale est généralement recommandée à intervalles réguliers afin de vérifier la présence éventuelle d’angiomyolipomes rénaux ou de surveiller leur évolution.
Pneumothorax
Un pneumothorax est un épanchement d’air dans la plèvre (ou enveloppe séreuse des poumons les séparant de la paroi thoracique) dû à la rupture de kystes. Cet épanchement d’air entraîne l’affaissement et la rétraction plus ou moins importante du poumon, qui ne peut donc plus fonctionner correctement. Un pneumothorax se traduit par une gêne respiratoire d’intensité variable, associée parfois à une douleur et peut survenir spontanément, en l’absence de tout effort. C’est l’une des manifestations les plus courantes de la LAM. Dans un tel cas, il faut se rendre immédiatement au service des urgences en expliquant que les pneumothorax sont très fréquents dans cette maladie.
Le traitement consiste en la pose d’un drain thoracique avec aspiration. Malheureusement, ces pneumothorax sont souvent récidivants. Ils peuvent nécessiter une intervention chirurgicale visant à «coller» le poumon à la paroi thoracique (pleurodèse) afin d’éviter qu’ils ne se reproduisent. On considère maintenant que cette intervention doit être effectuée le plus tôt possible afin d’éviter d’autres pneumothorax qui nuisent à la qualité de vie des patientes et peuvent aggraver l’insuffisance respiratoire. Diverses techniques chirurgicales permettent des types d’intervention qui ne compromettent plus de futures transplantations.
Chylothorax
Le chyle est un liquide composé de lymphe et de graisses provenant de l’alimentation. Il peut arriver que ce liquide s’accumule dans la cavité pleurale à cause de kystes sur les vaisseaux lymphatiques. Dans ce cas, il peut être utile d’évacuer le liquide par aspiration, mais il semble préférable, à long terme, de tenter d’éviter son accumulation par une intervention chirurgicale. Un régime pauvre en graisses et favorisant une variété particulière de lipides (triglycérides à chaîne moyenne) peut se révéler efficace. (Voir, dans la partie de ce site réservée aux Membres, diverses recettes pauvres en graisse). Par ailleurs, un traitement à base d’octréotide est à l’étude et peut être proposé.
Ascite chyleuse
Une ascite est définie par la présence de liquide abdominal entre les deux membranes du péritoine. Si l’ascite est importante, une ponction peut s’avérer indispensable. Dans certains cas, une intervention chirurgicale peut être proposée.
Angiomyolipomes rénaux
Un angiomyolipome est une tumeur bénigne composée d’un mélange de cellules vasculaires, musculaires et graisseuses. Ces angiomyolipomes sont présents dans environ la moitié des cas de LAM et détectés au moyen d’une échographie abdominale ou d’un scanner. Souvent asymptomatiques, ils ne nécessitent aucun traitement lorsqu’ils restent de petite taille (inférieure à 4 cm). S’ils grossissent et/ou entraînent des douleurs ou hémorragies, il faut traiter soit par par intervention chirurgicale (ablation de la tumeur en conservant le maximum de tissu rénal), soit par embolisation (injection sélective en radiologie interventionnelle d’un bouchon dans le vaisseau irrigant la tumeur). Il est donc nécessaire de surveiller l’évolution de ces tumeurs.
Insuffisance respiratoire
L’altération progressive du tissu pulmonaire due à la présence des kystes entraîne à terme une insuffisance respiratoire plus ou moins sévère. La prise en charge de ce handicap repose, comme pour les insuffisances respiratoires de toutes causes, sur l’oxygénothérapie (au repos et/ou à l’effort). Cette oxygénothérapie se fait au moyen d’un poste fixe ou avec de petits matériels portables qui permettent de se déplacer en maintenant une bonne oxygénation de l’organisme. Parfois, des matériels d’aide à la respiration (ventilation non invasive au masque) sont utiles pour éviter la fatigue des muscles respiratoires. L’arrêt du tabagisme est vivement recommandé, ainsi que les vaccinations antigrippales et anti-pneumococciques. Ces vaccins sont pris en charge par la sécurité sociale.
Centre de référence et Centres de compétences
Pour la liste officielle des Centres de référence, voir l’arrêté du 8 août 2017 portant labellisation des réseaux des centres de référence prenant en charge les maladies rares. On distingue entre les centres de référence et les centres de compétence.
Le centre national de référence coordonnateur des maladies pulmonaires rares (de l’adulte) se trouve à Lyon :
Responsable : Pr Vincent COTTIN
Service de pneumologie – Hôpital Louis Pradel – 28, avenue Doyen Lépine – 69677 LYON BRON.
Pour la liste des centres de compétence, voir le site du Centre de référence des maladies pulmonaires rares
Suisse: Centre hospitalier universitaire du canton de Vaud (CHUV), Lausanne (Dr Romain Lazor).
Voir aussi:
FLAM Infos n° 54, Juillet 2017, pp. 20-24, article de Violette Leclerc et Véronique Wahle,«Labellisation des Centres de Référence et de Compétences de la filière».